Journée d’étude à l’INRS sur les jeunes et la participation politique – 17 février 2017

Journée d’étude Engagement civique des jeunes sur Internet

Le 17 février prochain, je participerai à la journée d’étude Engagement civique des jeunes sur Internet, organisée par Claire Balleys chercheuse postdoctorale à la Chaire de recherche sur les usages des technologies numériques et les mutations de la communication, et Nicole Gallant (INRS, Observatoire Jeunes et société)

Il s’agit d’un événement extrêmement intéressant, notamment parce qu’on y réunit différents acteurs, actrices, sur l’enjeu de la participation politique et de l’engagement civique des jeunes, à l’aune du numérique. La table ronde de l’après-midi comptera de jeunes YouTubeurs suisses, français et québécois qui ont réalisé des vidéos sur le thème de la radicalisation des jeunes par Internet (avec l’encadrement des chercheuses Balleys et Gallant, mais en ayant carte blanche côté création). Seront aussi présentes la professeure Caroline Caron (UQO) et Isabelle Mignault, Secrétaire jeunesse du Conseil exécutif (Gouvernement du Québec).

Quelles possibilités offre l’usage d’Internet pour l’engagement civique et politique des jeunes?

Mon intervention consistera en une exploration des possibilités de l’usage d’Internet et des médias sociaux par les jeunes pour le développement de formes d’engagement civique, de contestation citoyenne et de participation politique. La piste que je privilégierai découle de la littérature actuelle en Media et Internet Studies, des travaux récents sur la participation politique et les médias, de même que de mes recherches doctorales.

Divers travaux montrent que l’engagement civique en ligne est souvent lié à un engagement hors ligne préexistant (Dahlgren 2007, 2012 ; Cardon 2010 ; boyd 2008, 2014). Des travaux en Fan Studies pointent des pistes stimulantes pour penser le transfert d’un engagement en ligne vers le hors ligne. Je pense notamment aux travaux de Lucy Bennett sur les fans de Lady Gaga et l’engagement philanthropique et à ceux de Liesbet Van Zoonen sur la citoyenneté et l’engagement médiatique, qui montrent que l’engagement des jeunes dans le champ de la culture pop permet le développement de compétences transférables à la citoyenneté active. Le développement d’un engagement dans un fandom ou envers une vedette permet, dans certains cas, le développement de sensibilité envers des causes ou des inéquités sociales (le cas de Lady Gaga et des LGTBQ+ illustre cela) ; les jeunes y développent également des compétences de communication publique, et ces éléments peuvent éventuellement être transférés vers une mobilisation citoyenne hors ligne ou une participation politique plus organisée.

Dans ma thèse sur l’usage des médias sociaux dans les francophonies canadiennes, il est ressorti que pour les jeunes ayant déjà un engagement civique ou encore des intérêts quant aux questions identitaires et culturelles (et donc politiques), l’usage des plateformes numériques s’inscrit dans une palette d’activités « normales », quotidiennes, qui permettent de vivre cet engagement. Le fait que ces jeunes se tournent vers le numérique, parmi d’autres moyens et activités, relève de différents éléments contextuels. Déjà, les jeunes rencontrés pour ma thèse étaient des personnes fortement engagées dans leur milieu (minoritaire et francophone ou acadien). Ensuite, elles ne retrouvaient pas dans leur entourage, de « lieux » jugés adéquats pour s’exprimer et poser les questions qui leur tenaient à cœur. Ensuite, dans leur trajectoire d’engagement, elles se sont tournées vers Internet dès l’adolescence, et plus particulièrement vers les premiers forums en ligne, pour partager leurs opinions, questions et goûts musicaux. Ces personnes ont donc développé une littératie numérique et des compétences sociotechniques qui font que dans la vingtaine et la trentaine, elles continuent de voir les plateformes numériques comme des lieux possibles, facilement accessibles, pour s’exprimer, recueillir des informations et débattre avec d’autres ayant des intérêts communs ou des affinités idéologiques.

Des usages numériques et politiques

Les capacités pour la diffusion de l’expression, les modalités d’agrégation permettant aux gens de se trouver sur la base des intérêts communs et la dimension publique de ces usages numériques sont des caractéristiques fondamentales. Comme je l’avais démontré dans ma thèse, les médias sociaux ne sont pas une panacée et ne viennent pas renverser les logiques de pouvoirs en place dans l’espace public et médiatique ; néanmoins, leur usage permet l’ouverture d’espace publics alternatifs et est compris comme tel par des acteurs, actrices, sociaux. Chez les jeunes, cela semble particulièrement probant, parce que, comme on me l’a dit souvent pendant la recherche, la participation politique dans les médias sociaux, « je fais ça tous les jours, alors que voter, c’est une fois aux 4 ans! ». Cette piste de l’imbrication des usages numériques dans la vie quotidienne me semble particulièrement féconde pour le développement de la recherche et des initiatives gouvernementales visant à supporter le développement de compétences citoyennes et la lutte envers l’apathie politique.

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